Le permis de conduire dans la campagne électorale

Le permis de conduire, trop cher. Les candidats à la présidentielle l’ont dénoncé. Chacun a sa proposition. Pas d’influence sur le vote des jeunes. Ils resteront fidèles à leurs convictions.

Camila CAMPUSANO

Les permis de conduire pour attirer le vote des jeunes. Ce n’est pas vraiment une réussite. Surtout qu’aucun des projets des candidats n’a véritablement été budgété. Nicolas Sarkozy a lancé le débat. François Hollande, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont emboîté le pas.

Les jeunes apprécient le geste. On essaie de s’intéresser à eux. Toutefois, comme la plupart des Français, ils estiment qu’il y a plus urgent.

François Hollande sur le flow de Kanye West : opération séduction des jeunes de banlieues

Un rythme et un montage tout droit sortis des clips de Hip Hop, la vidéo « 48h avec FH » comptabilise déjà plus de 50 000 vus en deux jours. Le style bouscule les habituels clips de campagne français. Cette production du 2H12Crew en faveur de François Hollande divise sur internet.

Camila CAMPUSANO

Plus de 50 000 vus 48h après la diffusion de la vidéo sur Youtube

Une caméra pour magnifier le court séjour du candidat socialiste dans les banlieues urbaines. Direction : Creil, Vaulx-en-Velin, Clichy sous Bois, Aubervilliers pour 48h.

Derrière ce concept, un habitué du monde du Hip Hop. L’idée vient du créateur de la radio hip hop Générations. Bruno Laforestrie soutient François Hollande et va jusqu’à le conseiller dans les domaines de la jeunesse et de la culture.

La cellule communication n’a pas eu son mot à dire sur cette vidéo. Elle n’a même pas repris cette production sur le site officiel du candidat socialiste. « L’idée de ce clip est néée lors d’un repas que j’avais organisé pour que François Hollande rencontre des gens du milieu de la culture urbaine », explique Bruno Laforestrie. « Il a accepté qu’on le suive, sans qu’il ait de droit de regard sur la vidéo. L’idée c’était aussi de travailler sur son image avec une approche différente ».

La stratégie a été bien réfléchie. Les sites internet au lieu des médias traditionnels, le style, le rythme, les gens sur la vidéo, tout a été conçu pour toucher les banlieues et en particulier les jeunes.

Objectif: pousser vers les urnes les abstentionnistes. « Les plus jeunes et les moins diplômés, les habitants des banlieues, les publics ‘issus des minorités’ sont ceux qui participent le moins et donc sont les premiers touchés par l’abstention. Cela signifie donc que la gauche est plus exposée à ce risque que la droite » déclarait François Kalfon, en charge des études d’opinion au Parti socialiste. La logique est donc clairement assumée. François Hollande vise indirectement Nicolas Sarkozy lorsqu’il dit, devant plus de 400 personnes, à Vaulx-en-Velin: « J’en connais qui au fond d’eux-mêmes escomptent une démobilisation, un découragement, une démotivation ».

La 2H12 a mis la vidéo sur Youtube le mardi 10 avril vers 17h. Bruno Laforestrie espère atteindre les 50 000 ou 100 000 vues. Deux jours plus tard,  score déjà atteint.

Succès de clics mais commentaires mitigés. Plus de 400 « aime » contre plus de 300 « n’aime pas » sur la page de Youtube. Les principaux intéressés sont partagés entre enthousiasme et l’impression d’être caricaturé par un personnage politique loin d’eux. Entre les jeux de mots sur « cartier » et « quartier », les commentaires sur le site de la radio Générations se multiplient.

Sur Twitter, c’est la promotion de la vidéo qui domine. Mais quelques avis ressortent.

Vincent Biloa est dans les secteur marketing et communication. Il soutient la vidéo.

Trop de « noirs » et d' »arabes ». Le cliché serait trop gros. L’ancien animateur radio s’en défend: « On a filmé tous les gens qui étaient là. Notre volonté était de prendre la réalité telle qu’elle est, sans stratégie de com’. On voulait un instantané »

La chanson en rajoute tout de même une couche: le titre n’est autre que « Niggas in Paris« . Le texte est totalement en décalage. Il parle de rolex et de « bling bling ». Mais la musique ne pourra peut-être pas être maintenue. Il semblerait que les concepteurs du clip ne se soient pas souciés des droits d’auteurs. Kanye West et Jay-z ne vont pas apprécier.

Il n’y a pas que des sceptiques et des critiques. Ce qui est sûr c’est que la surprise est générale. Certains se riquent même à faire de l’humour.

Même si la vidéo ne parvient pas à convaincre, elle aura au moins généré le débat. Les « quartiers » sentent que la campagne s’intéresse à eux. Pour imprégner les esprits, la diffusion de ce clip se fait comme par hasard à moins de deux semaines du premier tour. Pour renforcer l’effet, « une deuxième vidéo sera mise en ligne la semaine prochaine, plus incarnée, avec des VIP. On va la finir au meeting de Vincennes », dévoile l’initiateur de « 48H avec FH« . La 2H12crew, où H12 fait référence à « Hollande 2012 » et 2H au « hip-hop », fera encore parler d’elle.

Nicolas Sarkozy devant l’avenir de la France : les jeunes

Un meeting entièrement consacré aux jeunes.  Sous une façade d’espoirs, une lecture entre les lignes ternit le tableau. Le 31 mars, le discours de Nicolas Sarkozy se voulait plein d’encouragements pour ceux qui vont construire l’avenir de l’avenir de la France.

Camila CAMPUSANO

Nicolas Sarkozy au meeting "Jeunes" le 31 mars (Crédit photo: Flickr.com/CC/UMP photos)

« Je vous en supplie, faites quelque chose de votre vie ; faites quelque chose qui vous justifie, parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie. » une dédicace du président aux jeunes tirée d’une lettre d’une résistante qui a survécu à Auschwitz.

Pour que les jeunes puissent faire quelque chose de leur vie, Nicolas Sarkozy propose une caution de l’Etat. Objectif : faire tomber des barrières. « Je veux que la société se porte caution pour une jeunesse qui veut étudier, qui veut travailler, qui veut conquérir sa place dans la société, qui veut prendre en main sa vie d’adulte ! » Cela ressemble beaucoup à la loi déjà mise en place par Nicolas Sarkozy : les prêts Oséo. Ces prêts étudiants sont garantis par l’Etat pour des étudiants sans parents solvables. Derrière cette déclaration, une envie de pousser davantage l’initiative avec la banque de la jeunesse « pour porter les projets de jeunes Français ».

Découvrir le monde, voici un autre voeu du président-candidat. Une opportunité et non une obligation par manque de perspective en France. C’est oublier que parcourir les contrées éloignées nécessite un certain budget. Même le bénévolat dans les ONG est payant. En fin de compte, ce message ne peut se destiner qu’aux plus chanceux. Nicolas Sarkozy connait son électorat.

Des jeunes étudiants qui soutiennent Nicolas Sarkozy (Crédit photo: Flickr.com/CC/UMP photos)

Le candidat de l’UMP a rappelé son engagement sur l’alternance. Au-delà de 250 salariés, une obligation d’engager 5% d’apprentis. Entreprises, assurances et administrations publiques seraient soumises à ce régime. Les bénéfices de l’apprentissage font relativement l’unanimité. Pourtant, il n’y a pas que du positif. Ces jeunes pourraient devenir une main d’œuvre moins chère qui prendrait la place d’employés potentiels. Autrement dit, les rangs du chômage grossiraient davantage. Dur dur de trouver une recette miracle au problème de l’emploi.

« Je n’ai pas peur de l’autonomie des universités ! » Jolie formule mais floue. Veut-il parler de privatisations ? De conformité aux exigences des entreprises, comme le voudrait le Medef ? Difficile à dire. Le président-candidat évoque tout de même les classements internationaux. Il s’agit donc de compétitivité. On peut alors légitimement se demander s’il considère que les universités doivent mettre la priorité sur ce qui est valorisé dans ces classements : la réputation des chercheurs-enseignants, celle des recruteurs à la sortie des études et les prix obtenus par la recherche. Cela signifie plus d’intérêt pour la recherche que pour l’enseignement. Les mieux notées sont les universités anglo-saxones. A chacun de voir si le modèle d’outre-Atlantique notamment est ce qu’il veut voir en France.

Un petit mot dans la conclusion pour les « révolutions arabes ». Une façon de dire aux jeunes de se prendre en main. Un message de révolte pour une jeunesse qui ne manque pas de raisons de se révolter.

François Hollande parle aux jeunes à Sciences Po

Le logement et le chômage, François Hollande a abordé des sujets qui tiennent à cœur aux jeunes dans un lieu qui leur est normalement dédié. Le candidat socialiste a défendu son projet ce matin à Sciences Po à Paris à l’occasion de la journée PrésidentiELLE organisée en collaboration avec le magazine ELLE.

François Hollande répond aux questions de ELLE, de ses lectrices et des étudiants de Sciences Po (crédit photo: Emma Knight)

Le logement c’est le parcours du combattant pour les étudiants. François Hollande affirme en être bien conscient.

Tweet de la conseillère numérique de l'équipe de campagne de François Hollande présente à la journée PrésidentiELLLE


Une caution solidaire pour les jeunes, c’est l’outil que propose François Hollande pour surmonter le frein de la caution.

François Bayrou, candidat du MoDem, reconnaît lui aussi dans l’amphitéâtre de Sciences Po l’obstacle des cautions : « c’est une des plus grandes inégalités sociales qui existe qu’un étudiant ne pouvant pas se loger sans une caution. »

Eviter que les propriétaires augmentent chaque année abusivement les loyers. Ils en ont la possibilité car les étudiants changent d’habitation chaque année. Une aubaine que le candidat veut arrêter.

François Hollande propose également 40 000 logements sociaux destinés aux étudiants.

Les jeunes chômeurs n’ont pas été oubliés.

Tweet d'une étudiante de l'Ecole de Journalisme de Sciences Po présente à la PrésidentiELLE

Les emplois des jeunes issus des quartiers défavorisés seraient exonérés de cotisations sociales au lieu de favoriser l’implantation physique des entreprises dans ces zones, affirme François Hollande.

Celui qui se présente comme le candidat des jeunes a été le seul à s’exprimer de façon plus approfondie sur ces questions. François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly et Marine Le Pen ne se sont pas attardés sur la jeunesse, le sujet de la journée : les femmes. Jean-Luc Mélenchon a planté l’organisation du magazine ELLE la veille de la journée. Celui qui a annulé à la dernière minute est le candidat-président. Selon Valerie Toranian, animatrice de la discussion, « Nicolas Sarkozy n’a pas supporté la traversée de la rue Saint Guillaume » où un accueil d’étudiants plutôt mécontents l’attendait.

CGT, des solutions pour les jeunes travailleurs soufflées aux candidats

Une commission priorité jeunes, des idées et des plans, plein le chapeau de la Confédération générale du travail (CGT). Sabine Genisson, coordinatrice nationale jeunes CGT, explique ce que le syndicat envisage pour les jeunes travailleurs : regard critique et propositions.

 Camila CAMPUSANO

Sabine Genisson défend les jeunes au nom de la CGT (Crédit Photo: Camila Campusano)

Le CDI, un sésame, que les jeunes convoitent. C’est la clef qui ouvre la porte des projets et offre une stabilité. Mais pas facile de le décrocher.

CGT – « Pour avoir un premier CDI, l’âge moyen c’est 27 ans »

Les jeunes servent de main d’œuvre facile à débaucher pour les entreprises, d’après la CGT. Les stagiaires figurent au tableau des victimes pour Sabine Genisson : les stagiaires.  « Que ce soit une formation qualifiante pour le stagiaire. Et qu’on se pose la question de la rémunération du tuteur ». Pour combler les inégalités de moyens, elle propose de prendre en charge les frais liés au stage.

CGT – « Le jeune est une variable d’ajustement »

Le chômage tourne en cercle vicieux, selon la jeune femme : tous sont mis en concurrence.

CGT- « C’est un cercle vicieux »

Pour prendre le problème à la racine, la coordinatrice  dénonce les lacunes de

Local des jeunes de la CGT (Crédit photo: Camila Campusano)

l’école. La priorité d’éviter que les étudiants travaillent en même temps : 40% des étudiants qui travaillent ont 40% de plus de taux d’échec.

La CGT veut se distinguer de l’organisation patronale. Le Medef refuserait les mesures contraignantes face à un syndicat qui souhaite imposer et sanctionner.

CGT – « Une divergence claire » avec le Medef

Les idées de la CGT auraient inspiré le PS. Le syndicat a élaboré l’idée d’un contrat intergénérationnel qui lie un senior à un jeune travailleur. Cela ressemble fortement aux contrat de génération de François Hollande.

CGT- « On a inspiré le parti socialiste »

La CGT ne soutient toutefois aucun parti. Le Front national c’est par contre une autre histoire.

CGT – Le Front national, « des idées nauséabondes d’extrême droite »

Les institutions de l’Etat sont également dans la ligne de mire du syndicat. Même le secteur public et les postes de fonctionnaires ne garantissent plus une stabilité de l’emploi. Les concours ne laissent passer que les diplômés  pour des fonctions qui ne nécessitent pas un tel niveau de formation

CGT – « L’Etat donne vraiment le mauvais exemple »

La CGT joue son rôle de critique. Elle n’oublie pas les jeunes, bizutés par le monde du travail.

Quand étudier devient synonyme de galérer

Etudiant en master lutte contre la misère. Un haut niveau d’étude qui demande un haut niveau de sacrifices à certains : partir seul,retrouver des repères dans un pays où on ne connait rien mais surtout se financer seul. La pente peut rapidement devenir glissante.

Camila CAMPUSANO

Etudiant en décalage (Crédit Photo: Flick.com/CC/bibendum84

Imaginons qu’il s’appelle Luc. Il a 27 ans. Il est grand et mince. Derrière un sourire et une allure décontractée, se cache un jeune homme qui ne veut pas « crier sur les toits [qu’il] est allé au Secours Populaire. »

Il a quitté famille et amis pour venir en France. Le master en sciences humaines qui le faisait rêver n’existait pas dans son pays. Son projet : devenir professeur là où il a grandit.

Le logement : première étape du parcours du combattant de Luc. Un oncle l’a recueilli. Une chance, c’est certain. Cependant, cela voulait dire 3h de trajet par jour et souvent pas de repas à midi, faute de moyens. Ce rythme n’empêche pas le jeune étudiant de réussir sa première année de master. La fatigue accumulée finit par le freiner en deuxième année.

Un logement, c’est solution qui devrait soulager l’ambitieux jeune homme. Comment assouvir les exigences des propriétaires ? Travailler et obtenir un prêt. Comme beaucoup d’étudiants, Luc  jongle entre ses cours et un job.  Grace au précieux poste de « pion », il obtient une studette.

Luc – « J’ai ma studette »

Pour s’en sortir, trouver un logement, reprendre en main sa scolarité, Luc a besoin d’être écouté et aidé. Il se tourne vers le Secours Populaire. « C’est avec la mort dans le cœur, que je suis venu au Secours Populaire. » Pas facile de reconnaître sa détresse et de demander un coup de pouce.

Luc – « Mort dans mon coeur pour venir jusqu’ici (Secours populaire) »

Pas un mot à la famille. Luc préfère préserver les siens. C’est son problème ; une question d’honneur et d’indépendance. Ils en ont déjà fait beaucoup pour lui au point qu’il estime avoir une dette envers eux.

Luc – « Ma famille n’est pas au courant »

Par contre ses amis proches savent que Luc n’a pas le même niveau de vie qu’eux. Toutefois, le Secours Populaire reste son petit secret.

Luc – « Mes amis, ils le savent »

Des étudiants qui ont tout quitté pour se forger un avenir à travers les écoles françaises, il y en a plein. Ils partent pour un master ou un doctorat, sans connaitre la réalité financière en France. Ce qui représente beaucoup d’argent à leurs yeux ne suffit pas à subvenir à leurs besoins.  La pente devient facilement glissante. Luc connait des jeunes qui n’ont pas réussi à s’en sortir ou qui essayent tous les jours. La circulaire Guéant a dernièrement entraîné certains jeunes dans une spirale infernale.

Luc -« ça se passe très mal pour elle »

Les étudiants étrangers ne sont pas les seuls à connaître des difficultés. Les jeunes sont mis en avant dans cette campagne. La France pense à son avenir. Cependant, les candidats à l’élection présidentielle oublient bien souvent que les étudiants sont eux aussi amenés à vivre dans la misère. Ce n’est pas une fatalité. Aujourd’hui  Luc est optimiste. Il termine son mémoire et envisage même de se lancer dans un doctorat.

François Hollande, le chouchou des 18-24 ans au premier tour

François Hollande écrase Nicolas Sarkozy auprès des plus jeunes électeurs : 20% d’écart.  Le verdict est dur et la tendance se maintient.

Election présidentielle de 2007, bureau à Rouen (Crédit photo: Tonio Vega)

Un fossé entre les deux principaux candidats à la mi-janvier. Le candidat socialiste atteint les 47% auprès des jeunes, alors que Nicolas Sarkozy ne dépasse pas les 9%. L’annonce officielle de la candidature du président bouscule les intentions de votes. Seulement 5% séparent les deux candidats.  Le retour du président ne se maintient pas. Il rechute à 18% face à François Hollande qui grimpe jusqu’aux 38% des préférences des 18-24 ans, selon l’évolution de sondages réalisés par LH2.

La faible popularité du candidat UMP : un échec d’autant plus important à la mi-mars. Auprès de l’ensemble de la population, il a progressé. Il le doit à une exposition plus importante dans les médias, notamment grâce au meeting de Villepinte. Il a particulièrement séduit les électeurs les plus âgés.

Marine Le Pen  en progression auprès des 18-24 ans mais sans grand succès. La candidate du FN ne parvient pas à dépasser les 14% d’intentions de vote au 18 mars. C’est toutefois le double de son score de janvier. Elle a su profiter de sa médiatisation au sujet des 500 signatures, qu’elle a prétendu obtenir difficilement. La confirmation de sa candidature n’a tout de même boosté à sa campagne. Globalement, elle stagne depuis un mois.

Perte de vitesse générale pour François Bayrou dans la première quinzaine de mars. Le candidat du MoDem ne compte pas sur les votes des plus jeunes électeurs. Il a perdu 6% des intentions de vote en moins de deux semaines. Sa base électorale, ce sont surtout les seniors. Le candidat, qui se dit centriste, souffre d’une forte indécision. La moitié de ceux qui envisagent de le choisir n’est pas sûre de rester sur ce vote-là.

Jean-Luc Mélenchon franchit un cap à la veille de son rassemblement à la place de la Bastille. Le candidat du Front de Gauche atteint les 11%, dans les intentions de votes générales. Sa popularité auprès des jeunes, n’a pas été chiffrée par l’enquête. Son score a encore gonflé après son meeting du 18 mars.

Un tournant dans les débats vers les sujets de sécurité est attendu avec le drame de Toulouse. Le meurtrier avait 23 ans. La délinquance juvénile risque de revenir au devant de la scène. De quoi perturber les intentions de votes des jeunes électeurs.

Réalisé par Camila Campusano

Réalisé par Camila Campusano

La jeunesse en détresse crève les écrans de télévision avec le Secours Populaire

Par Camila CAMPUSANO

Des spots télévisés pour dénoncer la précarité qui frappe la jeunesse. Le Secours Populaire a décidé de frapper fort. Derrière cette vidéo de 30 seconde, l’emprunte d’un réalité.

Julien Lauprêtre dirige le Secours Populaire depuis 55 ans. (Crédit Photo: Camila Campusano)

« Une extrême détresse des jeunes et une volonté de s’en sortir ». Ce sont les conclusions du dernier congrès national du Secours Populaire qui a eu lieu près de Nancy en novembre dernier.

150 000 jeunes recueillis par l’organisation en 2011. Cela représente une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. Sans considérer tout ceux qui n’osent pas se rendre dans une des 1400 permanences. Le Secours Populaire a donc investi les universités en province. La crise ne fait qu’empirer les conditions des jeunes, selon Julien Lauprêtre, le président de l’association.

La crise, nous l’avons vue venir au Secours Populaire

Les jeunes peuvent moins compter sur l’aide de leur famille car la situation des adultes se dégrade elle aussi. Ils vont chercher essentiellement de la nourriture.

La nourriture, première demande des jeunes au Secours Populaire

Les pouvoir publiques sont au courant. Des cahiers de doléances leurs sont transmis. L’organisation dénonce la précarité des conditions de vie des gens. Le candidats à la présidentielle sont eux aussi dans le viseur de Julien Lauprêtre. Au-delà des grands principes, les idées concrètes se font toujours attendre.

Les discours des candidats, que des mots

La campagne sur les petits écrans a pris fin à la mi-mars. Les retours ne sont pas évalués. Le Secours Populaire, qui se présente comme « l’avocat des pauvres », reste encore très formel dans son approche. Les projecteurs commencent à se tourner vers la situation des jeunes. Il en faudra surement beaucoup plus pour une réelle action politique.

Jean-Luc Mélenchon : pas une phrase pour la jeunesse à la Bastille

Pas un mot pour la jeunesse dans le discours de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille. Pourtant, la place grouillait de jeunes visages pleins d’espoir. Ce rendez-vous avec les citoyens, le candidat du Front de Gauche l’attendait et l’a préparé pour en faire un point d’orgue de sa campagne. S’il ne parle pas directement des jeunes, c’est qu’il privilégie des mesures globales qui incluent la jeunesse.

Jean-Luc Mélenchon présente sa 6ème République devant la foule à la Bastille (Crédit photo: Camila CAMPUSANO)

Les jeunes sont venus en nombre le 18 mars pour répondre à l’appel du candidat du Front de Gauche. Elise, 20 ans, a suivi son coeur jusqu’à la place de la Bastille. Elle ne se fait pas d’illusion. Le candidat qu’elle soutient ne sera pas élu, selon la jeune femme. Elle devra « continuer à survivre ». Au milieu de ces 120 000 personnes (selon les organisateurs), se trouvait également Guillaume, 23 ans. Il se dit « chanceux d’avoir un travail » mais il estime que cela ne devrait pas être une chance.

Elise et Guillaume convaincus par Jean-Luc Mélenchon

Guillaume soutient Jean-Luc Mélenchon (Crédit photo: Camila CAMPUSANO)

Marie-Laure est une jeune avocate. Elle veut être présente pour que « ça change ». Même dans son entourage, elle observe les difficultés des jeunes.

Marie-Laure – La France est le seul pays à garder des acquis sociaux qu’il faut défendre

Jean-François s'inquiète pour les jeunes (Crédit photo: Camila CAMPUSANO

La détresse des jeunes touche les sympathisants du Front de Gauche. Jean-François, 50 ans, brandit un panneau qui appelle les jeunes  à rejoindre les rangs du parti. Il s’inquiète pour eux. Il voit que les droits sont détricotés les uns derrières les autres. L’avenir de la jeunesse se joue maintenant.

Jean-François – Les droits remis en question

Jean-Luc Mélenchon offre de l’espoir aux jeunes.  Pourtant, il ne s’adresse à aucun moment spécifiquement à eux. Charlotte, une jeune militante de 28 ans, vend le programme de son candidat avec énergie. Elle a vu cette colère qui anime les jeunes, une colère qui pousserait à s’interroger. Des mesures pour la jeunesse, elle affirme qu’il y en a, bien que « parler des jeunes, c’est parler de toutes la société. »

Charlotte – « Parler des jeunes, c’est parler de toute la société »

Cibler la jeunesse par des politiques particulières, Jean-Luc Mélenchon s’y refuse. Le candidat n’oublie pour autant pas le chômage des jeunes. Actuellement, ceux qui ont « un bac+5 se retrouvent avec des emplois qui nécessitent un bac-1, ce qui fait reculer tous les autres derrière. » (propos sur BFM TV) Sa solution : relancer l’emploi en général. « Quand il y a trois postes pour deux personnes, on engage tout le monde! » Les quotas ne constitue donc pas une issue durable, selon le candidat de gauche. Une politique plus globale, cela rejoint l’analyse de nombreux économistes dont Guillaume Allègre. L’idée n’est pas peut-être pas si saugrenue.

Charlotte et Denis, des militants convaincus (Crédit photo: Camila CAMPUSANO)

Le rendez-vous de la Bastille est une réussite. « Je m’attendais à un très gros succès mais pas à ce point-là. » Denis, militant de 62 ans, est convaincu que le phénomène Mélenchon ne cessera de s’amplifier.

Denis, militant – « Quelque chose de fort est en train de se passer »

Des échos du rendez-vous de la Bastille dans toute la France sont attendus par le Front de Gauche. Les jeunes continueront d’être traités au même titre que les autres citoyens par Jean-Luc Mélenchon. A en entendre certains, c’est peut être bien ce qu’ils attendent : des mesures pour tous qui concernent également la jeunesse.

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Camila CAMPUSANO

De « candidat des jeunes » à lobby pour la jeunesse

Défendre les intérêts des jeunes, c’est la ligne de Maxime Verner dans cette élection présidentielle.  Faute d’avoir obtenu les 500 signatures, l’homme de 22 ans tente de transmettre son flambeau aux candidats officiels, sans faire de différence entre gauche et droite, ou presque. Malgré de beaux discours, il a vite rejoins le camp de Nicolas Sarkozy, Président-candidat UMP.

Le « porte-voix » des jeunes se converti en lobby. Il espère faire passer des mesures qu’il estime « non clivante » et de « bon sens ». Pour y arriver, il compte sur des rendez-vous en personne.

Son message :

  •  Lutter contre le chômage par la mobilité en créant un fond pour financer le permis de conduire des jeunes et remplacer l’attestation scolaire de sécurité routière du collège par l’examen du code de la route.
  • Organiser des consultations nationales de la jeunesse pour comprendre ses besoins

Maxime Verner a déjà rencontré Nicolas Sarkozy. Le Président-candidat a été attentif mais ne s’est pas engagé formellement.

« J’attends que Nicolas Sarkozy donne son programme jeunesse »

Le bilan pour la jeunesse de Nicolas Sarkozy ne sastisfait pas le jeune politicien. Il ne voulait toutefois accusé personne jeudi 15 mars. Il ne s’est pas fermé la porte des rangs du président-candidat. Il fustige d’ailleurs la politique des 35 dernières années.

Je ne suis pas pleinement satisfait du bilan jeunesse du Président

François Hollande se présente comme le candidat des jeunes. Qu’en dit Maxime Verner ? Le candidat socialiste peut faire mieux. Il est encore trop flou dans ses propositions.

Le programme de François Hollande pour la jeunesse n’est pas assez cohérent

La sourde oreille sera certainement celle de François Bayrou. Le candidat l’a toujours dit : pas de priorité jeunesse en vue. Maxime Verner en est bien conscient et n’attend plus rien du « centriste » de droite.

Marine Le Pen  c’est une autre histoire. Le jeune politicien est tout de suite moins tendre. Il déplore que les jeunes se tournent vers le FN, au même titre que vers l’abstention. La crise renforce le désespoir qui pousse vers le vote noir. « Le problème de la jeunesse, c’est qu’elle est archi minoritaire ». Pourtant, elle représente l’avenir.

« Si on ne fait pas des proposition pour la jeunesse, elle votera Le Pen. »

Maxime Verner n’a pu réunir que 358 signatures  « Après 16 mois de campagne, 32 000 km parcourus, 304 maires rencontrés, 437 promesses de parrainages et 358 signatures collectées, évidemment, je suis déçu  ». Le point positif : les Maires ont été réceptifs à son message d’urgence. Selon les candidats, les maires restent connectés aux réalités des jeunes, contrairement à d’autres élus. Les signatures obtenues proviennent uniquement de petites villes.

« Les maires comprennent la situation des jeunes »

Pas d’appel au vote pour un candidats pour l’instant. Maxime Verner attend  de les avoir tous rencontré avant de se prononcer. Il espère dépasser le clivage gauche-droite. Cependant, les projets de la gauche ou de la droite n’ont pas les mêmes priorités pour les jeunes générations. Mais surtout, quel poids et quelle légitimité peut avoir un jeune,  » porte-voix auto-proclamé », sur le futur président de la République… Il appelle donc les jeunes à voter pour avoir un impact réel sur l’avenir du pays. Finalement, il soutient Nicolas Sarkozy. Ce choix réalisé en à peine trois jours, sème le doute sur sa volonté de faire passer son message à tous les candidats. Toucher les concurrents du président-candidats n’a plus de crédibilité.

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Camila CAMPUSANO